Publié : 26/03/2021, mis à jour: 01/12/2021 à 15:49
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Domaine hébraïque

Le domaine hébraïque présente la particularité d’avoir été constitué assez tardivement par rapport aux autres fonds relatifs au Moyen-Orient. L’hébreu moderne compte aujourd’hui 8 millions de locuteurs.

Détail de l'ouvrage Seder nashim

Détail de l'ouvrage Seder nashim (commentaires talmudiques) par Rabbi Ychaq Ben Yaqob, Amsterdam, 1643. Source de l'illustration.

Présentation générale

Le domaine hébraïque de la BULAC est constitué de plus de 18 000 ouvrages et d'une cinquantaine de revues. Il est issu des collections de la Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales (BIULO). Les principales langues représentées sont l'hébreu, le judéo-arabe, le judéo-espagnol et le yiddish.

En 1936, l'hébreu moderne fait son entrée à l’École des langues orientales où il rejoint d’autres langues sémitiques. La création du fonds, axé sur le monde juif au sens large, date également de cette époque. À la suite de la création de l’État d’Israël, la documentation adopte naturellement une double orientation : la première relative au judaïsme de diaspora et la seconde en lien avec le nouvel État.

L’histoire d’Israël et des communautés juives dans le monde, mais surtout en Europe centrale et dans les pays arabes, y est aussi très présente. La Réserve de la BULAC abrite des ouvrages anciens en hébreu, en yiddish et en ladino. Celle-ci recèle également, depuis 1956, le don particulièrement précieux constitué par la bibliothèque personnelle d’Abraham Danon, qui comprend 48 manuscrits hébreux réunis en Turquie à la fin du XIXe siècle.

L’édition en Israël

Malgré un contexte politique tendu, la vie culturelle israélienne est intense. La presse écrite est remarquablement dynamique. Dans le secteur du livre, les éditeurs sont nombreux et la vitalité de l’édition israélienne est comparable à celle des pays occidentaux. Quant à la littérature contemporaine israélienne, elle est à la fois vivace et largement traduite.

En Israël, environ 85 % des livres sont publiés en hébreu, les autres langues de publication sont principalement l’anglais, le russe et l’arabe. L’arabe est la langue des « Palestiniens de 48 » (populations palestiniennes restées sur le futur territoire israélien après la guerre de 1948) et d’une grande partie des Juifs originaires du Maghreb et du Moyen-Orient. Le russe est devenu la troisième langue du pays après la vague d’immigration venant de l’ex-URSS dans les années 90.

Plusieurs grandes maisons d’éditions « généralistes » coexistent dans le paysage éditorial. Parmi elles, les incontournables Kinneret Zmora-Bitan Dvir et Keter Sefarim , qui sont le résultat de la fusion d’anciennes entités distinctes, ou encore Yediot Sefarim, qui dépend du quotidien d’actualité Yediot Aharonot.

D’autres grandes maisons sont parties d’objectifs plus idéologiques. C’est le cas de Am Oved (« un peuple travaille »), fondée en 1942 par un des dirigeants du parti politique Mapaï et considérée comme un organe du premier syndicat ouvrier. Son orientation politique s’est aujourd’hui largement diluée.

Page de garde de l'ouvrage Pitʾwm depiyqah ba-delet, d'ʾEtgar Qeret.

Page de garde de l'ouvrage Pitʾwm depiyqah ba-delet, d'ʾEtgar Qeret. Source de l'illustration.

Un autre exemple est celui de Hakibbutz hameuchad (« le kibboutz unifié »), maison fondée en 1940, qui centre au départ sa politique éditoriale sur la pensée « sioniste-socialiste » et le soutien à la démarche du kibboutz. Par la suite, elle oriente plus simplement ses collections sur la littérature israélienne, la littérature étrangère traduite et la littérature pour la jeunesse. Elle atteint rapidement le premier plan au niveau de l’édition de romans et de recueils de poésie, des essais d’actualité ou encore de la pensée juive.

Sur un parcours similaire, Sifriat Poalim (« la bibliothèque des ouvriers »), est fondée en 1939 par le mouvement sioniste de gauche et kibboutznik Shomer Hatzaïr. Commençant également comme branche culturelle d’un mouvement politique, elle élargit, elle aussi, considérablement son champ thématique. Ces deux dernières maisons d’édition finissent même par fusionner en 2001 et deviennent Hakibbutz hameuchad - Sifriat Poalim.

Enfin, l’édition est composée à 30 % de livres produits par des structures qui ne sont pas des maisons d’édition : associations, instituts, musées, institutions gouvernementales et institutions éducatives. Au-delà de ces évolutions d’orientation chez les éditeurs, les différentes mutations de la société israélienne se font aussi sentir chez les auteurs.

Une production éditoriale diversifiée

Israël a connu de très grands écrivains qui ont produit en quelques décennies une littérature extrêmement riche (Amos Oz, A.B. Yehoshua, Aharon Appelfeld et bien d’autres) et qui a constamment su se réinventer, comme en témoignent les auteurs dits de la « nouvelle génération ». Ces derniers bouleversent quelque peu les codes ; ils adoptent un style radicalement différent en utilisant les mots de tous les jours dans leurs écrits. C’est par exemple le cas d’Etgar Keret ou d’Orly Castel-Bloom. Enfin un autre type d’auteurs a fait parler de lui en brisant certains tabous. Suite à l’ouverture des archives israéliennes et britanniques portant sur les événements de 1948, les « nouveaux historiens » ont pu remettre en cause certains éléments importants de l’historiographie israélienne traditionnelle.

Le fonds hébreu s’applique à représenter toute la diversité et la complexité de l’histoire juive et de l’État d’Israël. Il comporte principalement des textes de littérature médiévale et contemporaine. La religion, l’histoire, la géographie et la linguistique en sont les autres disciplines phares. Cet ensemble complète les fonds des autres bibliothèques parisiennes spécialisées dans cette aire culturelle. Aujourd’hui, les collections de la BULAC s’orientent particulièrement vers l’hébreu moderne et biblique, la littérature moderne et la linguistique, l’histoire et la pensée juive. La documentation est à 60 % en hébreu et le reste en langues occidentales.

En raison de la particularité de ce fonds, la documentation est répartie sous deux cotes distinctes dans les salles de lecture. D’abord une cote « classique », qui renvoie à un État ou une région : ici 23IL pour l’État d’Israël, sous laquelle sont regroupés la littérature moderne, des essais sur le société israélienne, le conflit israélo-palestinien, le sionisme, des dictionnaires d’hébreu moderne etc. Ensuite le 23XH, soit l’ « aire hébraïque », qui concerne l’histoire juive en Europe et dans le monde arabo-musulman, la philosophie juive, les langues juives, la littérature médiévale, l’histoire ancienne d’Israël, l’hébreu ancien et l’Ancien Testament.

  • Les collections en magasin : 14 000 volumes communicables, dont les revues de plus de 10 ans.
  • Dans les collections de la Réserve sont réunis les ouvrages rares et précieux, consultables sous certaines conditions. Par exemple : Die handschriftlichen hebräischen Werke der K.K. Hofbibliothek zu Wien. Wien : K.K. Hof- und Staatsdruckerei, 1847.
  • Des revues en lignes. Par exemple : Jewish Quarterly Review ; Encyclopedia of Jews in the Islamic World ; Yod (revues.org)

Consultez également les ressources sélectionnées par le chargé de collections du domaine hébreu.

Marine Defosse
Responsable adjointe du pôle Développement des collections, chef de l'équipe AMOMAC et chargée de collections pour le domaine Afrique
marine.defosse@bulac.fr