Qui sommes-nous ?
La Bibliothèque universitaire des langues et civilisations (BULAC) a été créée en 2003 sous la forme d'un groupement d'intérêt public. Elle est sise depuis le 1er septembre 2011 dans le Pôle des langues et civilisations, 65 rue des Grands Moulins, Paris XIIIe.
Elle est l'héritière de la Bibliothèque inter-universitaire des langues orientales, mais procède de la fusion plus large d'un ensemble des fonds et de bibliothèques, cédés ou déposés par les établissements qui sont ses membres fondateurs.
La BULAC : un statut
La Bibliothèque universitaire des langues et civilisations a été créée en 2003 sous la forme d'un groupement d'intérêt public.
La BULAC : un lieu
La BULAC est installée depuis le 1er septembre 2011 dans le Pôle des langues et civilisations, 65 rue des Grands Moulins, Paris XIIIe.
Visite virtuelle de la BULAC
La BULAC : une histoire
Depuis plusieurs décennies, le constat de la saturation et de la vétusté des locaux occupés par la Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales (BIULO) au 4 rue de Lille, Paris VIIe, avait conduit à plusieurs projets de déménagement qui avaient tous échoué jusqu'à l'inscription d'une ligne budgétaire « Pôle des langues et civilisations du monde » au contrat de plan État-Région Île-de France (CPER) 2000-2006.
Le besoin immense des collections orientalistes, laissées pour compte sur le chemin de l'informatisation galopante des vingt années précédentes en raison de l'impossible prise en charge des caractères non latins dans les catalogues, a enfin convaincu, en 2000, un trio agissant : le recteur de l'académie de Paris, René Blanchet, l'ancien conseiller de Claude Allègre, devenu chef de la mission scientifique universitaire, Maurice Garden, et le président de la toute nouvelle mission U3M, Daniel Renoult.
450 millions de francs (⅓ État, ⅔ Région) sont inscrits au CPER pour la construction d'un bâtiment qui regroupera l'Inalco et ce que l'on nommait provisoirement « Bibliothèque des langues et civilisations du monde ». Le Département de Paris contribue également au projet en offrant un terrain dans le 13e arrondissement de près de 8 000 m2, estimé à environ 120 millions de francs.
Outre ces importants moyens matériels, le projet scientifique était solidement assis sur le rapport élaboré par Maurice Garden à la demande du recteur Blanchet. Ce rapport, rendu le 29 mars 2001, fondait toutes les lignes de force qui font de la BULAC cette « structure originale : une grande bibliothèque d'enseignement et de recherche », rassemblant sur un seul site « les ressources documentaires de la plupart des établissements parisiens concernant les langues, cultures et civilisations autres que les grandes langues de l'Europe occidentale ». Quatre lectorats étaient attendus, qui sont bien au rendez-vous : étudiants de l'Inalco, chercheurs et enseignants des aires concernées, y compris étrangers, jeunes chercheurs en formation, mais aussi public cultivé non universitaire. Les collections devaient être largement accessibles, les partenariats nombreux, les outils modernes de communication abondamment employés.
Si le contrat est, à l'arrivée, plus qu'honnêtement rempli, il faut néanmoins reconnaître que les dix annnées (2001-2011), qui ont été nécessaires pour transformer le projet en bibliothèque prête à ouvrir au public, ont aussi été dix années de (r)évolutions pour l'enseignement supérieur et la recherche : LRU votée en 2007, PRES et COMUE ayant produit moult tricotages et détricotages d'alliances, et enfin le projet de campus Condorcet. Le Pôle des langues et civilisations a dû naviguer à vue pendant ces années d'effervescence, perdant au passage, faute d'un consensus suffisant entre tous les établissements qui auraient pu en être partie prenante, l'opportunité de la construction d'un bâtiment « recherche » (la fameuse « deuxième tranche » si longtemps espérée) à l'angle de la rue des Grands Moulins et de l'avenue de France. La BULAC y aura également abandonné l'intégration de quelques fonds de l'EPHE et de l'EHESS qui rejoindront finalement le campus Condorcet.
Mais n'allons pas trop vite, un long chemin est encore à parcourir...
Sitôt le rapport Garden rendu, un chef de projet est recruté le 1er juin 2001, qui est aussi le signataire de ce texte. Il est installé au sein de la mission U3M, auprès du recteur, jusqu'à la création du groupement d'intérêt public de préfiguration le 4 novembre 2003. C'est l'une des originalités de la BULAC, qu'elle a le privilège de partager avec la Bibliothèque nationale de France : l'équipe de préfiguration est située hors de l'établissement historique qui est appelé à se refonder dans un nouveau bâtiment. On imagine les frustrations et agacements bien naturels que cette disposition engendre. Ils font aussi partie de la gestion de projet, et, au-delà, de l'histoire de l'institution. Mais, pour la future « Bibliothèque des langues et civilisations du monde », cette décision avait toute sa légitimité : il s'agissait de faciliter l'agrégation dans un objet nouveau - et donc neutre - du plus grand nombre de fonds possible, en provenance de plusieurs établissements d'enseignement supérieur. Autant participer à un projet novateur, « phare » du CPER, était politiquement acceptable, voire valorisant, autant abandonner ses collections à un autre établissement, nécessairement perçu comme concurrent, était un obstacle infranchissable pour les potentiels fondateurs du projet.
Fin 2001, la liste des fondateurs est arrêtée et la recherche du statut qui consolidera la préparation de cette future bibliothèque s'achève : ce ne sera ni une association de préfiguration, ni un établissement constructeur, mais un groupement d'intérêt public... sur le conseil de Vincent Sueur, directeur des affaires juridiques au ministère de l'Éducation nationale. Le temps de toutes les validations, le GIP sera opérationnel deux ans plus tard.
Simultanément, les chantiers bibliothéconomiques sont lancés, grâce au renforcement progressif de l'équipe de projet.
Deux volets principaux.
Le besoin le plus criant est celui de l'informatisation du catalogue et des fonctions d'acquisition : depuis la fin des années 1990, des expériences sont menées à travers le monde pour incorporer des caractères non latins dans les catalogues des bibliothèques. La BIULO elle-même produit depuis 2000 directement dans le catalogue d'OCLC les notices en chinois, japonais, coréen. Mais, malgré des tentatives difficilement transposables menées à l'École française d'Extrême-Orient et au Collège de France, il faut encore beaucoup d'optimisme pour se projeter dans un Système de gestion de bibliothèques qui traiterait en toute aisance l'ensemble des systèmes d'écritures non latines. Cependant, le projet de la BULAC arrive à point nommé : la standardisation offerte par Unicode, qui s'impose à travers le monde, offre désormais de réelles possibilités qui se concrétiseront par l'acquisition en décembre 2003 du progiciel Millennium de la société Innovative Interfaces. Il faudra toutefois deux ans avant que le catalogue multi-écritures puisse être ouvert au public, tant le déploiement et la reprise de données se seront avérés compliqués.
Sans attendre que ce catalogue commun à près d'une vingtaine de bibliothèques soit opérationnel, plusieurs chantiers documentaires de longue haleine ont été lancés : récolement fascicule par fascicule des collections de périodiques, analyse quantitative et qualitative des fonds, rédaction de documents visant à élaborer une politique documentaire cible, déclinée en programmes annuels d'acquisition... Tous documents indispensables pour faire l'état des lieux de départ et projeter une vision commune en termes de politique documentaire et de services.
S'il a toujours été possible d'accéder aux collections des bibliothèques membres du projet pour les métrer et les évaluer, l'attentisme de nombre d'agents préférant parier sur l'échec de celui-ci, dans la lignée des précédents, leur faible désir de quitter des lieux confortables et rassurants pour une bibliothèque aux dimensions effrayantes... n'ont en revanche jamais permis de créer une dynamique de travail collectif avec l'ensemble des équipes théoriquement concernées. Les décisions politiques prises au plus haut niveau des établissements ne peuvent guère se concrétiser qu'en ayant emporté la conviction de toutes les couches concernées, et en étant réaffirmées avec constance, dans la durée. Ce qui n'a pas été le cas pour quelques membres fondateurs de la BULAC.
Malgré tout, le projet se consolide progressivement, indéfectiblement soutenu par la Région Île-de-France et l'État, sans souffrir des alternances politiques traversées. La Région le désigne comme son projet-phare pour l'enseignement supérieur et conduit avec efficacité tout le processus lié à la construction du bâtiment. Dès janvier 2002 le programmiste, Rémy Carsault, est désigné et commence à travailler avec les deux chefs de projet « utilisateurs », Éric Meyer pour l'Inalco et Marie-Lise Tsagouria pour la BULAC. Car, si ces deux organismes restent indépendants l'un de l'autre, c'est bien un seul bâtiment qui sera construit pour les abriter et, dès le départ, c'est l'intérêt collectif qui guide la réflexion, en visant notamment à mettre en commun tout ce qui pouvait l'être (espaces d'accueil partagés, équipements et espaces techniques...), mais en préparant aussi la possibilité de fonctionnements séparés dans la mesure où les calendriers et horaires d'ouverture ne se recouvraient pas exactement. Le programme est finalisé le 6 février 2004, juste à temps pour être remis aux cinq candidats sélectionnés le 25 février parmi les 95 dossiers reçus. Les cinq cabinets d'architectes ont à peine trois mois entre la remise du dossier du concours le 1er mars 2004 et le rendu de leur projet, maquette comprise, le 21 mai. Trois mois à peine pour imaginer et dessiner un bâtiment de 30 000 m2, qui devra s'insérer sur un terrain en forme de flèche, à la charnière entre le vieux 13e et la nouvelle ZAC Paris Rive Gauche en cours de construction autour des quatre tours emblématiques de la Bibliothèque nationale de France.
Le jury, réuni le 8 septembre 2004, retiendra le projet d'Yves Lion, comme le mieux inséré dans le paysage urbain qui l'accueille, le plus souple à faire évoluer pour atteindre une parfaite adéquation avec les attentes fonctionnelles des futurs utilisateurs et le plus susceptible de rester dans l'épure financière prévue. Un objectif d'ailleurs régulièrement rappelé par François Houy, directeur de la stratégie et des territoires au conseil régional et gardien de la bourse : « Il faut faire rentrer le rhinocéros dans la baignoire-sabot ».
L'architecte choisi, le travail le plus amusant commence. Petit à petit, les idées prennent une forme, une chair, des couleurs. Esquisse, avant-projet sommaire (APS), avant-projet définitif (APD), projet (PRO), dossier de consultation des entreprises (DCE)... les étapes d'étude s'enchaînent suivant le schéma de la loi MOP, pour parvenir enfin à la publication de l'appel d'offres pour les travaux. Les offres sont remises en mars 2008 : après diverses négociations invisibles des futurs utilisateurs.... La construction peut commencer !
À suivre...
Marie-Lise Tsagouria