Publié : 04/05/2021, mis à jour: 25/10/2021 à 18:42
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Domaine turc

Le fonds turc est l’une des trois collections les plus anciennes de la bibliothèque. Il comporte environ 30 000 ouvrages, 50 abonnements en cours à des titres de presse ou des revues scientifiques et environ 230 périodiques ayant cessé de paraître. La BULAC possède également 250 manuscrits ainsi que 3 300 imprimés ottomans.

Hümâyûnnâme [همایون نامه], traduction de Kalîla wa Dimna en turc ottoman.

Hümâyûnnâme [همایون نامه], traduction de Kalîla wa Dimna en turc ottoman. Source de l’illustration.

Présentation générale

Dictionnaire français et turc, formé d'après le vocabulaire de Vignier et augmenté d'après le grand dictionnaire de Mesgnien Meninski (1825).

Dictionnaire français et turc, formé d'après le vocabulaire de Vignier et augmenté d'après le grand dictionnaire de Mesgnien Meninski (1825). Source de l’illustration.

Le turc compte environ 78,5 millions de locuteurs dans le monde. Le fonds turc est l’une des trois collections les plus anciennes de la bibliothèque, avec l’arabe et le persan, puisque la langue turque a été la première enseignée à l’École des jeunes de langues, à partir de 1669, puis à l’École des langues orientales à partir de 1795, en raison des relations commerciales et diplomatiques existant entre la France et l’Empire ottoman depuis le XVIe siècle.

Les collections turques proviennent en grande majorité de la Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales (BIULO), elle-même héritière du fonds de la bibliothèque de l’École des langues orientales. En outre, une partie des documents est issue de la Bibliothèque Jean-Deny de l’Institut d’Études turques de l’université Sorbonne-Nouvelle : ce fonds concerne principalement l’histoire, la linguistique, la littérature classique et les sciences sociales.

Ce vaste ensemble comporte environ 30 000 ouvrages, dont 6 500 librement accessibles en salle de lecture et 23 500 conservés en magasin, ainsi que 50 abonnements en cours à des périodiques (titres de presse ou revues scientifiques) et environ 230 périodiques ayant cessé de paraître. La BULAC conserve également 250 manuscrits ainsi que 3 300 imprimés ottomans.

Les collections se composent principalement d’ouvrages de littérature classique et moderne (comprenant un certain nombre de récits de voyage), d’histoire et de géographie, de sciences sociales, de linguistique, de religion (notamment en relation avec le soufisme), d’art, et d’ouvrages de référence (comme des encyclopédies et des bibliographies).

Historique du fonds

La BULAC est l’héritière des collections de deux établissements : l’École des jeunes de langues, créée par Colbert en 1669, afin de former des interprètes de carrière devant servir de drogmans (terme utilisé en Orient pour désigner les interprètes) aux ambassadeurs et consuls de France dans l’Empire ottoman, et l’École des langues orientales, fondée en 1795, qui se dote alors de manuels de langues, de traductions de textes classiques et de récits de voyages, nécessaires aux enseignements, à la suite de la création de la chaire de turc1. Les deux établissements et leurs collections respectives, également riches en manuscrits, fusionnent en 1874 lors de l’emménagement dans les locaux parisiens de la rue de Lille.

Tout au long de son histoire, le fonds turc a été façonné par les activités des chercheurs qui ont alimenté la bibliothèque depuis sa création par des dons et une activité soutenue de collecte documentaire, tels Jean-Michel de Venture de Paradis (1739-1799), Pierre Amédée Jaubert (1779-1847), Charles Barbier de Meynard (1826-1908) et Jean Deny (1879-1963). Ces collections ont également évolué en fonction des événements qui ont ponctué l’histoire de la Turquie ottomane puis républicaine et influé sur la production éditoriale dans le pays.

Le nombre d’ouvrages imprimés dans l’Empire ottoman reste assez limité jusqu’à la période des réformes dites « Tanzimat », à partir de 1839. L’imprimerie se développe fortement dans l’Empire ottoman à la fin du XIXe siècle et surtout après la révolution des Jeunes-Turcs en 1908, qui entraîne une véritable prolifération de publications. Pendant cette période, le fonds turc de la bibliothèque est alimenté grâce aux achats faits par des correspondants sur place - comme François-Alphonse Belin (1817-1877), secrétaire interprète à Constantinople de 1860 à 1877, et Charles-Jean-Melchior de Vogüé (1829-1916), nommé ambassadeur à Constantinople après la chute du Second Empire, ainsi que par des dons. Après un déclin passager de la production éditoriale, dû à la Première Guerre mondiale, c’est seulement dans les dernières années qui précèdent la réforme de l’écriture que le nombre de livres imprimés en turc ottoman augmente fortement. Cet accroissement de la production se traduit par de nouvelles acquisitions et de nombreux dons entrés dans les collections, à partir des années 1924-1925. L’année 1928 marque un autre tournant avec la loi qui rend obligatoire le changement d’alphabet. Au moment de l’abandon de l’alphabet turc ottoman (variante de l’alphabet arabe), il n’est accordé qu’un délai de deux mois aux éditeurs pour commencer à publier en caractères latins. Pour contourner la difficulté, ceux-ci publient des rééditions ou des adaptations en langue moderne d’œuvres déjà existantes. De très nombreux ouvrages sont donc venus enrichir le fonds turc dans les années qui ont suivi.

Les acquisitions pour ce fonds sont en revanche fortement ralenties entre 1946 et 1965, en raison de la baisse des crédits alloués à l’École et de l’absence prolongée d’un bibliothécaire turcophone. L’aide de Pertev Naili Boratav, chercheur au CNRS et spécialiste du folklore turc, a cependant permis à la bibliothèque de poursuivre ses achats de livres en Turquie et leur signalement dans le catalogue. Par ailleurs, l’Unesco a fait don à l’établissement en 1956 de 500 traductions turques de grands classiques de la littérature mondiale.

À partir de 1969, le recrutement d’une chargée de collections turcophone permet une alimentation régulière malgré les difficultés d’approvisionnement liées au coup d’État de 1971 en Turquie. Après 1980, le fonds s’accroît de façon conséquente grâce à une augmentation des crédits d’acquisition et à de nombreux dons de particuliers, et parfois de l’ambassade de Turquie, qui arrivent régulièrement à la bibliothèque.

  • 1 « L’École est ouverte avec trois chaires : l’une d’arabe vulgaire et littéral, la seconde de turc et de tatare de Crimée, la troisième de persan et de malais » (source de l'information).

Le fonds turc ottoman

La langue de l’Empire turc ottoman (osmanli), diffère du turc contemporain par ses emprunts à la syntaxe et au vocabulaire arabo-persan, ainsi que par son écriture en caractères arabes. Les imprimés dans cette langue sont antérieurs à 1929. En effet, le parlement turc vote la loi d’adoption du nouvel alphabet composé de caractères latins le 1er novembre 1928. Cette « révolution des signes » (Harf Devrimi ou Harf İnkılabı en turc), ainsi que plus tard les efforts de turquisation, contribuent à l'extinction progressive de la langue des Ottomans.

Les manuscrits

Hümâyûnnâme [همایون نامه], traduction de Kalîla wa Dimna en turc ottoman.

Hümâyûnnâme [همایون نامه], traduction de Kalîla wa Dimna en turc ottoman. Source de l’illustration.

Les manuscrits turcs ottomans conservés à la BULAC proviennent essentiellement des deux écoles françaises établies respectivement à Paris et à Constantinople pour dispenser un enseignement des langues de l’Empire ottoman. Ces documents anciens, les premiers à constituer ce qui deviendra le cœur patrimonial de la collection turque de la BULAC, sont rassemblés vers 1750 dans la bibliothèque de la « classe » (cubiculum) des Orientaux au Collège Louis-le-Grand. Cette bibliothèque était composée de ces manuscrits apportés du Levant (Proche-Orient) mais aussi de manuels rédigés, à destination des élèves de l’école parisienne, par les orientalistes français (drogmans, émissaires, voyageurs…) devenus enseignants. D’autres pans de la collection proviennent de la bibliothèque de l’École des jeunes de langues (créée par Colbert à Istanbul en 1669), constituée par les soins d’Antoine-Joseph Ducaurroy (1755-1835). Ce dernier assurait la direction de l’école tout en effectuant des acquisitions pour la bibliothèque comme le montrent les notes écrites de sa main, présentes dans le recueil Hümâyûnnâme1

La quête de manuscrits est un sujet récurrent dans la correspondance qu’il entretient avec Silvestre de Sacy (1758-1838). Ces documents nécessaires à l’enseignement des élèves drogmans, de même que des pièces diplomatiques, des documents commerciaux ainsi que des documents traitant de la langue turque sont venus enrichir cette bibliothèque, à l’origine de la collection turque de la BULAC. Après le rapatriement de l’École à Paris en 1831, Joseph-Marie Jouannin (1783-1844) poursuit à son tour son enrichissement et en établit le premier catalogue en 1838.

Lorsque l’École des jeunes de langues est absorbée par l’École des langues orientales en 1874, les 150 manuscrits que compte alors sa bibliothèque viennent grossir les rangs de la bibliothèque de cette école. Abraham Danon (1857-1925), descendant d’une famille séphardite installée à Andrinople et grand érudit hébraïsant, rédige un catalogue sommaire de l’ensemble de ces documents au début du XXe siècle. Ses notices sont restées inédites et décrivent 171 volumes, dont certains demeurent introuvables. Son travail, complété par celui du doctorant, Maxime Durocher, a permis de publier, entre 2015 et 2016, les descriptions de 250 manuscrits dans le catalogue des archives et des manuscrits Calames. En 2016, cette collection s’est enrichie de trente nouvelles pièces, issues de l’achat de la collection Paul Geuthner et Warburga Seidl et du don de reliquats de la bibliothèque personnelle du professeur Jean Deny (1879-1963). Ces documents feront prochainement l’objet d’une description dans Calames.

Tous les manuscrits turcs, à l’exception de ces dernières entrées, sont numérisés et librement consultables en ligne dans la Bibliothèque numérique aréale (BiNA).

L’édition chez les Ottomans

Les imprimés ottomans de la bibliothèque proviennent de deux fonds distincts. La majorité est issue de la Bibliothèque interuniversitaire des langues orientales (BIULO), héritière des collections de l’École des jeunes de langues. Cet ensemble compte environ 2 350 titres. En 1965, une partie de la bibliothèque personnelle du professeur Deny est achetée par l’Institut d’études turques de la Sorbonne, qui alimente ensuite ce fonds avec des acquisitions courantes. Cette collection comporte plus de 800 titres. Un grand nombre de livres, de titres de presse et de revues scientifiques en turc ottoman provient aussi de l’ancienne Bibliothèque Jean-Deny. Entre 2000 et 2018, celle-ci reste déposée à la Bibliothèque d’études ottomanes du Collège de France avant d’être cédée par l’université Sorbonne Nouvelle à la BULAC.

Les livres en turc ottoman conservés à la BULAC couvrent une longue période, allant du début du XVIIIe au début du XXe siècles. En effet, la bibliothèque dispose d’exemplaires issus de la première imprimerie officielle établie par İbrahim Müteferrika (1729) et des derniers imprimés publiés avant le passage à l’alphabet latin (1928). Les imprimés changent au fil du temps et au gré des découvertes techniques : passage de la lithographie à la typographie, augmentation du volume et introduction des couleurs. La présentation des informations bibliographiques évolue également. Alors qu’elles étaient parfois absentes ou intégrées au texte de l’ouvrage, les informations sur le titre, le nom de l’auteur, le nom de l’éditeur et l’année de publication deviennent de plus en plus faciles à identifier par le lecteur, figurant désormais sur la page de titre de l’ouvrage.

Chez les Ottomans, la distinction entre les tâches de l’éditeur et celles de l’imprimeur demeurent confondues. En effet, même si le nom de l’éditeur apparaît quelques fois sur les ouvrages, une maison d’édition équivaut souvent à une imprimerie formant un ensemble inséparable. Elles se situent pour la plupart dans la capitale. Ainsi, la majorité des imprimés conservés à la BULAC proviennent d’éditeurs stambouliotes. Certains livres sont imprimés en province, dans les vilayet de l’Empire ottoman comme, par exemple, le salnâme (annuaire) de la province de Bursa. Avec la fondation de la République de Turquie en 1923, Ankara obtient le statut de capitale et devient à son tour un centre d’édition et d’impression. Livres, revues et titres de presse en turc ottoman sont parfois fabriqués en Europe, mais surtout en Égypte, où Mehmed Ali Paşa a fondé en 1822 l’imprimerie Bûlâk Matba‘ası, aussi dénommée Boulaq, comme en témoigne une histoire des exploits de Napoléon - Kitâb-ı târîh-i Bônâpârt.

Târîh-i Râşid Efendi [تاريخ راشد افندى],

Târîh-i Râşid Efendi [تاريخ راشد افندى], livre édité par İbrahim Müteferrika. Source de l’illustration.

L’imprimerie a d’abord été utilisée par les non-musulmans de l’Empire ottoman, c’est-à-dire par les « nations » (millet) juive, arménienne et grecque-orthodoxe. En 1567, la première imprimerie arménienne s'établit dans l’empire suivie par la première imprimerie grecque en 1627. Les impressions s’y effectuent alors dans de nombreuses langues et alphabets. Les ouvrages en langue turque pouvaient être également publiés en caractères grecs1ou en caractères arméniens2. La première imprimerie turque en caractères arabes est établie par d’İbrahim Müteferrika, un imprimeur d’origine hongroise, en 1729. Dans les livres imprimés par ses soins, sa maison d’édition apparaît le plus souvent sous le nom de « Dâr üt-Tıba‘at ül-Ma‘mûre(t) » mais aussi de « Dâr üt-Tıba‘at ül-‘Âmire ». Jusqu’à la mort de Müteferrika, la maison d’édition a publié dix-sept titres, dont sept sont conservés à la BULAC : Târîh-i Timur Gürkân, Târîh-i Seyyâh der Beyân-ı Zuhûr-ı Âgvâniyân ve Sebeb-i İnhidâm-ı Binâ-i Devlet-i Şâhân-ı Safeviyân, Usûl ül-Hikem fî Nizâm ül-Ümem, Târîh-i Na‘îmâ, Târîh-i Râşid Efendi et Gülşen-i Hülefâ. Certains d’entre eux ont été écrits par Müteferrika lui-même. Ces livres, considérés comme des incunables, en tant que premiers ouvrages turcs en caractères arabes imprimés dans l’Empire ottoman, sont conservés dans la Réserve des ouvrages rares et précieux de la BULAC. Ils jouissent d’une reconnaissance internationale depuis leur publication. . C’est ainsi que Károly Imre Reviczky (1737-1793), le traducteur français du Traité de tactique ou méthode artificielle pour l'ordonnance des troupes de Müteferrika, reconnaît et loue les compétences de celui-ci dans la préface de l’ouvrage : « J’ai peu de chose à dire au sujet d’Ibrahim Effendi, il se qualifie lui-même Muteferrika & Imprimeur privilégié. Je dois dire à sa louange que les livres qu’il a imprimés à Constantinople, surtout ceux en grand format, sont de très belles éditions, & que quant à la beauté des caractères, les plus approchant de la belle écriture arabe, ils sont préférables aux plus beaux de la chrétienté en fait de langues orientales ».

La BULAC conserve également des ouvrages imprimés chez Müteferrika après sa mort en 1745 comme Târîh-i Sâmî ve Şâkir ve Subhî ou Târîh-i İzzî. Jusqu’à sa fermeture en 1794, l’imprimerie publiera au total vingt-trois titres.

Des livres imprimés dans d’autres maisons officielles comme la Mühendishâne Matbaası sont aussi conservés à la BULAC. Cette maison d'édition ouvre ses portes en 1796 pour desservir les étudiants de la Mühendishâne-i Berrî-i Hümâyûn, l’école d’ingénieurs de l’Empire ottoman. Cette imprimerie a la particularité d’insérer dans les livres un grand nombre de figures et d’images. On retrouve à la BULAC des dictionnaires imprimés à la Mühendishâne Matbaası comme Tıbyân-ı Nâfi‘ der Tercüme-i Burhân-ı Kâtı‘ et Sübha-i Sıbyân.

Tampon de l’imprimerie impériale Dâr üt-Tıba‘at ül-‘Âmire

Tampon de l’imprimerie impériale Dâr üt-Tıba‘at ül-‘Âmire. Source de l’illustration.

En 1840, l’imprimerie d’État, la « Dâr üt-Tıba‘at ül-‘Âmire », fusionne avec la Takvimhâne-i ‘Âmire, à l’origine du premier journal officiel Takvîm-i Vekâyi‘ (1831). Connue aussi sous les noms de « Dâr üt-Tıba‘a(t) », « Matba‘a-i ‘Âmire », « Basmahâne-i ‘Âmire », « Millî Matba‘a » ou encore « Devlet Matba‘ası », cette maison détient le monopole des impressions ; elle est incontestablement la mieux représentée dans les collections de la BULAC. Outre la littérature et la religion, elle publie des ouvrages sur les sciences tel que le manuel de géométrie Ta‘lîm ül-Hendese.

À partir des années 1860, des éditeurs privés émergent dans l’Empire ottoman. La BULAC possède plusieurs ouvrages de l’imprimerie d’Ebüzziya Mehmed Tevfik (1849-1913). Ce dernier commence d’abord par fonder la Tasvîr-i Efkâr Matbahânesi en 1872. Le nom de cette imprimerie rend hommage à feu son ami İbrahim Şinasi (1826-1871) et au journal Tasvîr-i Efkâr qu’il avait lancé en 1862. Les collections de la BULAC comptent une dizaine de titres imprimés à la Tasvîr-i Efkâr Matbahânesi, dont une traduction du géographe français Eugène Cortambert, Usûl-ı Cogrâfyâ. Après une période d’exil à Rhodes, Ebüzziya Tevfik met en place une seconde imprimerie à Istanbul en 1881, Matba‘a-i Ebüzziyâ. Elle révolutionne l’art d’imprimer dans l’Empire ottoman : les livres se distinguent non seulement par leur qualité d’impression mais aussi par leur forme. Ebüzziya Tevfik introduit l’impression multicolore et favorise l’utilisation d’un style calligraphique particulier (kûfî). Il lance également une collection de livres de poche appelée « Kitâbhâne-i Ebüzziyâ » qui comporte 110 titres, et dont plusieurs sont présents à la BULAC.

Couverture de Tabsıra-yı ʿÂkif Paşa [تبصرۀ عاكف پاشا], écrite avec le style kûfî.

Couverture de Tabsıra-yı ʿÂkif Paşa [تبصرۀ عاكف پاشا], écrite avec le style kûfî. Source de l’illustration.

 

Couverture d’un livre de la collection Kitâbhâne-i Ebüzziyâ.

Couverture d’un livre de la collection Kitâbhâne-i Ebüzziyâ. Source de l’illustration.

Notes manuscrites de Jean Deny dans la marge de l’ouvrage

Notes manuscrites de Jean Deny dans la marge de l’ouvrage. Source de l’illustration.

La BULAC conserve également de nombreuses publications des maisons arméniennes, telles que Karabet, Ârtîn Âsâdûryân, Nişân Berberyân, Â. K. Tôzliyân, İstepân et K. Bagdâdliyân.

Un grand nombre d’ouvrages en turc ottoman porte l’ex-libris de Louis Lagarde, qui avait provisoirement géré le consulat de France créé à Ankara en 1925. Quant aux livres du turcologue Jean Deny, certains sont remplis de notes prises à la main en français et en turc ottoman. Derrière la couverture des livres, Jean Deny note parfois le contenu du texte et indique les pages pour se retrouver facilement. Il crée ainsi une table des matières là où il n’y en a pas. Il convertit les dates du calendrier hégirien et rumi au calendrier grégorien et note la traduction en français de mots et des expressions en turc ottoman comme le montre l’illustration ci-contre. Ces ouvrages contiennent aussi des fiches volantes, où sont portées ses considérations personnelles, ainsi que des cartes de visite et anciens courriers utilisés comme marque-pages.

Les imprimés du fonds turc ottoman portent principalement sur l'histoire, la religion, les langues – abécédaires, dictionnaires, modèles de lettres (münşe’ât) et livres de lecture (kırâ’at) – et la littérature. Pour cette dernière discipline, on observe une évolution dans le choix des publications : alors que les imprimés les plus anciens sont souvent des recueils de poésie (dîvân), des histoires populaires comme Ferhâd ile Şirîn, des romans et des pièces de théâtre font leur apparition dans les collections publiées vers la fin du XIXe, telle la comédie Kôkônâ yatıyor, éditée et imprimée chez Yovânâkî Panâyôtîdîs Matbaası. Les collections turques de la BULAC comportent également des livres en turc ottoman sur le droit, la politique, les arts, les sciences et les technologies ainsi que des documents diplomatiques ou administratifs comme, le budget de l’année 1326 de l’hégire [correspondant aux années 1910-1911], édité par la Mâliye Nezâreti, le ministère ottoman des Finances. Les réformes de l’éducation lancées dans l’Empire ottoman pendant la période des Tanzîmât se traduisent par une augmentation du nombre des manuels d’enseignement. La majorité est destinée à l’enseignement primaire et secondaire tel que Hikâyât-ı Müntahabe.

Le fonds comporte de nombreuses traductions d’ouvrages arabes, persans, anglais, français, italiens ou allemands. Ces derniers couvrent une multitude de thématiques et disciplines qui vont de la gestion des finances personnelles (Servetini Tenmiye ve Hüsn-i İdâre San‘atı, traduction de Paul Leroy-Beaulieu), à la conception et construction de routes (Usûl ül-İstihkâmât, traduction de Guillaume Leblond), en passant par l’histoire de la philosophie (Felsefe târîhi, traduction de Karl Vörlander).

 

Les titres de presse

Environ 570 titres, souvent éphémères, ont paru à l’époque ottomane, plus de 230 d’entre eux sont conservés dans le fonds turc de la BULAC.

Couverture du numéro 16 de la revue Servet-i fünûn

Couverture du numéro 16 de la revue Servet-i fünûn [ثروت فنون]. Source de l’illustration.

L’année 1831 marque le début de la presse en turc ottoman. Elle est contemporaine de la presse grecque avec Filos ton Neon (Φίλος των Νέων, 1831) et du premier titre arménien Štemeran Pitani Giteleac’ (Շտեմարան պիտանի գիտելեաց, 1839). Takvîm-i Vekâyiʿ est un journal officiel lancé sous l’impulsion de Mahmud II, qui a pour but de diffuser des informations sur la politique intérieure et surtout les réformes entreprises. Une version francophone existait sous le titre de Moniteur ottoman.

Le deuxième plus ancien journal en turc ottoman conservé à la BULAC, Cerîde-i Havâdis, paraît en 1840. Il bénéficie d’un statut semi-officiel alors qu’il est détenu par un Britannique établi à Constantinople, William Northworthy Churchill (1796-1846). Certains numéros ont été imprimés à Takvîmhâne-i ʿÂmire, l’Imprimerie nationale conçue pour l’impression de Takvîm-i Vekâyiʿ.

Les premiers journaux indépendants font leur apparition seulement dans les années 1860. À la différence des journaux officiels, ils se permettent de critiquer ouvertement le régime. Tasvîr-i Efkâr, par exemple, pointe régulièrement les problèmes financiers, la corruption mais aussi les échecs de la politique étrangère. İbrahim Şinasi (1826-1871), son directeur, Jeune-Ottoman1 convaincu et célèbre dramaturge, va même jusqu’à refuser de célébrer l’anniversaire du sultan dans ce journal. Jusqu’en 1876, la presse turque connaît alors son premier âge d’or, avec la multiplication du nombre de journaux et de revues.

Mais à partir de 1876, avec l’arrivée au pouvoir du sultan Abdülhamid II et la mise en place, après 1878, d’un système autocratique et centralisé, la presse est progressivement soumise à la censure. Les périodiques adoptent un ton neutre, voire apolitique, et un style encyclopédique. Les articles d’opinion disparaissent. Alors que certains patrons, bénéficiant du soutien du sultan, s’enrichissent et deviennent des nouveaux magnats de la presse comme Mehmed Tahir (1864-1912), propriétaire du journal Maʿlûmât, d’autres s’exilent pour continuer d’écrire comme Namık Kemal (1840-1888), qui publie Hürriyet (« Liberté ») depuis Londres. La BULAC conserve d’autres périodiques de l’exil comme Mîzân, hebdomadaire lancé par Mizancı Murad (1854-1917) en 1886, qui a été publié au Caire, à Paris, mais aussi à Genève, pour échapper à la censure.

Suite à la révolution des Jeunes-Turcs en 1908 qui restaure la constitution de 1876 et met fin au règne d’Abdülhamid II, la presse turque exulte à tel point que la date du 24 juillet, jour du soulèvement, restera célébrée en Turquie en tant que « Fête des journalistes et de la presse » (Gazeteciler ve Basın Bayramı). Le nombre des titres de presse augmente du jour au lendemain et les revues satiriques se multiplient, comme Karagöz, lancée dès 1908 par le caricaturiste Ali Fuad Bey, et Djém (ou Cem). Alors que des revues dédiées à un public féminin existaient déjà sous Abdülhamid II, comme le supplément du journal Maʿlûmât, ou Hanımlara Mahsûs Maʿlûmât, leur nombre grandit après la révolution de 1908. La BULAC conserve, par exemple, une revue dédiée à la condition des femmes, Demet (« Bouquet »), où s’expriment aussi bien des écrivaines turques, comme Nigar bint-i Osman (1862-1918) et Halide Edib Adıvar (1884-1964), qu’arméniennes, comme Zabel Sibil Asadour (Zapēl‎ Sipil Asatowr‎, 1863-1934) et Zabel Yesayan (Zapēl Esayean‎, 1878-1943). Enfin, la révolution de 1908 donne lieu à une floraison de publications à revendications nationalistes. Les collections de la BULAC comprennent plusieurs numéros de la revue turquiste Genç Kalemler (« Jeunes plumes »), apparue pour la première fois à Salonique en 1909 et à laquelle contribuent Ömer Seyfeddin et Ziya Gökalp. Celle-ci prône l’élaboration d’une littérature nationale turque et d’une nouvelle langue plus simple et plus épurée, la Yeni Lisan.

  • 1 Les Yeni Osmanlılar (ou Jeunes-Ottomans en français) défendaient des idées réformatrices. Ils militaient pour une monarchie constitutionnelle et davantage de libertés. Parmi les membres les plus connus, on peut citer Ali Suavi et Namık Kemal. Ils ont largement utilisé la presse pour exprimer leurs idées, notamment à travers les périodiques Tasvîr-i Efkâr, Muhbir et Hürriyet (ces deux derniers étaient imprimés en Europe en exil). On peut les considérer comme les prédécesseurs des Jeunes-Turcs.
Caricature du ministre de l’Intérieur parue dans Djém.

Caricature du ministre de l’Intérieur parue dans Djém.

Photographie de l’écrivaine Zabel Sibil Asadour

Photographie de l’écrivaine Zabel Sibil Asadour parue dans le journal Demet.

Il faut aussi souligner l’existence d’une presse francophone dans l’Empire ottoman, surtout à Constantinople, Salonique, Smyrne et Beyrouth. Ces titres sont rédigés par des Français ayant des intérêts en Orient, par des Levantins installés dans l’Empire ottoman depuis plusieurs générations, par les communautés reconnues de l’empire, tel le millet arménien (il s’agit d’une communauté religieuse autonome), mais aussi par des Turcs ayant fait le choix de s’exprimer en français, langue de l’élite intellectuelle. L’utilisation de la langue française répond alors à divers besoins ; elle est choisie par le gouvernement désireux de se rendre compréhensible à l’étranger avec le Moniteur ottoman, elle est au contraire parfois la langue de l’hostilité et de la résistance – un moyen pour échapper à la censure. Le français est aussi la langue de certaines communautés, comme celle des Arméniens, espérant sensibiliser l’Occident à leur cause. À côté de titres à l’existence très brève, a contrario certains se caractérisent par leur longévité ; le Stamboul, un quotidien politique et littéraire dirigé par Pierre le Goff, est publié pendant presque un siècle (1875-1964). Malgré un léger déclin à partir des années 1930, la presse francophone continue d’occuper une place de premier plan jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.

Le fonds turc moderne

L’édition turque ou relative aux études turques après 1928

À partir de 1928, avec la re-publication en caractères latins d’un grand nombre d’œuvres, la production éditoriale a plus que doublé en Turquie. En outre, après 1939, date de création d’un « bureau des traductions » par le ministère turc de l’Éducation nationale, paraissent de nombreuses traductions des classiques de la littérature mondiale. Un corpus de 500 ouvrages traduits présent dans les collections de la BULAC, offerts par la bibliothèque de l’Unesco, est le reflet de cette politique. Après le coup d’État de 1971 et jusqu’à 1973, la Turquie vit une période de troubles, peu favorable à l’essor de l’édition. Une augmentation très sensible des publications et des acquisitions s’observe à partir de 1975, avant que le coup d’État de 1980 n’entraîne de nombreuses arrestations d’éditeurs, d’auteurs et de traducteurs et de fermetures de maisons d’édition. Puis en 1983, avec la fin du régime militaire, quelques maisons très engagées, comme İletişim ou Metis, voient de nouveau le jour. L’édition turque connaît une nouvelle embellie, mais, alors que dans les années 1970 le tirage moyen par titre était de 5 000 exemplaires, celui-ci se situait entre 1 000 et 1 500 exemplaires en 2010.

La discipline la plus représentée dans le fonds moderne entre 1928 et les années 2000 est la littérature, notamment à travers des œuvres originales en turc (dont celles de Sabahattin Ali (1907-1948), Nâzim Hikmet (1902-1963), Yaşar Kemal (1923-2015), Aziz Nesin (1915-1995), Orhan Pamuk (1952) et beaucoup d’autres) et des traductions en français. Il est à noter que les traductions françaises ne reflètent pas toute la diversité de la production littéraire turque : l’édition française fait le choix de traduire surtout des essais et des témoignages, notamment relatifs à des événements politiques, et parfois des romans, donnant souvent une image pittoresque de la Turquie. Les œuvres qui donnent moins à voir la « couleur locale », ainsi que les recueils de nouvelles, un genre moins prisé en France, font moins souvent l’objet de traductions.

L’histoire est ensuite la discipline le mieux représentée, avec notamment les publications de la Société turque d’histoire (Türk Tarih Kurumu), bien que certaines, visant à construire la nouvelle identité turque dans la première moitié du XXe siècle, soient aujourd’hui discréditées, à l’instar de la thèse d’Afet Inan (1908-1985) sur l’histoire de la « race » turque. Les publications françaises sur l’histoire turque ont souvent épousé également les thèses officielles kémalistes, avant l’émergence dans les années 1990 de travaux plus critiques vis-à-vis de l’histoire nationaliste. Plus de la moitié des ouvrages de la bibliothèque dans cette discipline sont en langues occidentales, en raison d’une forte production internationale d’études sur l’Empire ottoman et la Turquie.

Les publications en sciences sociales, notamment sur l’ethnologie et le folklore anatoliens, la littérature populaire et l’éducation, sont très présentes dans les collections à partir de 1928 ; depuis les années 1990 et jusqu’à aujourd’hui, celles-ci sont supplantées par les ouvrages de sociologie et de sciences politiques (les publications anglo-saxonnes étant très nombreuses dans ce domaine), notamment sur les liens entre la Turquie et l’Union européenne et sur l’AKP (Parti de la justice et du développement, au pouvoir depuis 2002). Cette partie moderne du fonds turc comprend également des documents sur le droit islamique.

Le quatrième discipline la mieux représentée est la linguistique avec un ensemble de manuels d’enseignement du nouvel alphabet, datés de 1928, mais aussi des méthodes de turc pour allophones (généralement publiées en France), des dictionnaires, des grammaires, des ouvrages sur l’histoire de la langue, l’étymologie…

La proportion d’ouvrages sur la religion augmente depuis la fin des années 1980 : nombre d’entre eux portent sur le soufisme, un thème très étudié, ainsi que sur l’alévisme, la laïcité et les relations entre l’islam, l’État et la politique. La part des ouvrages sur les arts est relativement importante, notamment dans le domaine de l’art islamique. Enfin, le fonds turc comprend de nombreux ouvrages de référence : des bibliographies, de grandes encyclopédies éditées par des organismes officiels à partir des années 1940 telles qu’Islam ansiklopedisi, Türk ansiklopedisi, Sanat ansiklopedisi, etc., ainsi que des encyclopédies plus récentes en turc et en anglais.

Aujourd’hui, la Turquie compte de nombreux éditeurs indépendants, même s’ils subissent la concurrence de grands groupes de médias ayant étendu leur activité à l’édition, ainsi que des maisons financées par des banques (Yapı Kredi, İş Bankası) proposant leurs livres à des prix attractifs. Par ailleurs, les aides publiques au secteur de l’édition restent très limitées. La tentative de coup d’État de juillet 2016 a, comme en 1980, entraîné des bouleversements dans le secteur de l’édition : de nombreuses maisons d’édition scientifique ont été fermées par le gouvernement. Il est devenu plus difficile de publier des livres critiques vis-à-vis du pouvoir en place. En outre, les auteurs d’ouvrages abordant certaines questions comme le génocide arménien ou l’indépendance kurde continuent à courir le risque de poursuites ou de représailles. Par ailleurs, la crise économique qui sévit depuis 2018 pénalise fortement le monde éditorial qui accuse une forte baisse de sa production et de ses ventes. Actuellement, la production éditoriale turque se compose majoritairement d’ouvrages scolaires, et pour une grande part de publications culturelles comme des livres pour la jeunesse, de littérature et de sciences sociales ; ces deux dernières catégories étant toujours bien représentées dans les acquisitions récentes. Les auteurs turcs et les livres sur l’histoire nationale rencontrent un succès qui ne se dément pas : trois ouvrages sur Atatürk figuraient parmi les meilleures ventes en 2018.

Les revues académiques

Le fonds turc moderne comprend un ensemble fourni de revues académiques, éditées notamment par des universités ou des laboratoires de recherche en Turquie, en Europe et en Amérique du Nord, citons par exemple Turcica, qui publie en partie en français (également disponible via les collections en ligne de la BULAC), Turkish Studies, ou encore les différentes publications de la Société d’histoire turque. Par ailleurs, la BULAC est abonnée à plusieurs revues littéraires, notamment Varlık et Dergah, ainsi qu’à une revue de critique cinématographique, Altyazı, et à un certain nombre de titres de presse d’actualité. En ligne, de nombreuses autres revues turques sont accessibles via la base Central and Eastern European Online Library. La BULAC est également abonnée aux archives du quotidien Cumhuriyet depuis 1930.

Les axes actuels de développement du fonds

Couverture de la traduction française d’un roman de Sema Kaygusuz [Yere Düşen Dualar]

Couverture de la traduction française d’un roman de Sema Kaygusuz [Yere Düşen Dualar]. Source de l’illustration.

Les acquisitions récentes de la BULAC reflètent la production en sciences humaines et sociales sur le domaine turc, tous pays d’édition confondus, qui traite en bonne partie des évolutions politiques de ces dernières années en Turquie : l’arrivée au pouvoir et les pratiques du Parti de la justice et du développement (AKP), l’ascension puis la disgrâce de la confrérie Gülen, les manifestations du parc Gezi en 2013, la tentative de coup d’État de 2016, les purges et les procès qui s’en sont suivis dans la fonction publique, le changement de constitution, les relations avec les autres pays… Les publications anglo-saxonnes abondent particulièrement sur ces sujets mais la production turque demeure dynamique, malgré les difficultés liées au durcissement du pouvoir, l’édition étant moins censurée que la presse. De nombreux ouvrages continuent en outre de paraître sur l’histoire turque et l'histoire ottomane ainsi que sur des questions sociologiques (notamment la condition des minorités et la condition des femmes), sur la religion ou encore sur l’identité nationale.

La bibliothèque suit également l’évolution de la production littéraire en Turquie en se faisant notamment l’écho des œuvres d’auteurs appartenant à la nouvelle génération, tels que Barış Bıçakçı (1966), Ayfer Tunç (1964), Ece Temelkuran (1973), Hakan Günday (1976), Emrah Serbes (1981), Mahir Ünsal Eriş (1980), Ömür İklim Demir (1980), Sema Kaygusuz (1972), Yiğit Bener (1958), Murat Uyurkulak (1972)…

Du côté des collections en ligne, de la documentation concernant les études turques est également accessible dans les ressources transversales du domaine Maghreb/Moyen-Orient. Les bases de données turques ou ayant pour objet spécifique la Turquie sont rares ; en revanche, de nombreuses bases en accès ouvert existent et permettent de consulter des revues publiées par des universités et institutions turques (comme Belleten, également présente à la BULAC sous forme imprimée, ou les revues électroniques de l'université d'Istanbul), des archives ouvertes (Ankara Üniversitesi Akademik Arşiv Sistemi, FSM Vakif University Institutional Repository, İslam Araştırma Merkezi, Türkiye Akademik Arşivi, Türkiye İstatistik Kurumu) ou encore des documents anciens numérisés (Littérature ottomane sur le site des bibliothèques de Duke university, « Hakkı Tarık Us Collection », « Suna Kıraç Digital Collections », ou la version numérisée de la revue ottomane Servet-i Fünûn).

Bibliographie

  • Abdullah Uçman, « Malumat », dans TDV İslam Ansiklopedisi.
  • Alpay Kabacalı, Türk Kitap Tarihi, İstanbul, Cem Yayınevi, 1989.
  • Alpay Kabacalı, Başlangıcından Günümüze Türkiye’de Basın ve Yayın, İstanbul, Literatür Yayınları, 2000.
  • Erol Baykal, The Ottoman Press (1908-1923), Leiden et Boston, Brill, 2019.
  • Henri Déhérain, « L’orientaliste Ducaurroy », Journal des Savants, 5, 1918, p. 260-270.
  • Hüseyin Çelik, « Genç Kalemler », dans TDV İslam Ansiklopedisi.
  • Kenan Demir, « Osmanlı’da Dergiciliğin Doğuşu ve Gelişimi (1849- 1923) », Iğdır Üniversitesi Sosyal Bilimler Dergisi, No. 9, Nisan 2016, p. 71-112.
  • Özgür Türesay, « Bir Osmanlı Matbaacısının Sergüzeşti: Ebüzziya Tevfik’in Matbaa-i Ebüzziya’sı », Toplumsal Tarih, Sayı 128, Ağustos 2004, p. 36-43.
  • Özgür Türesay, « L’Imprimerie Ebüzziya et l’art d’imprimer dans l’Empire ottoman à la fin du XIXe siècle », dans Geoffrey Roper (éd.), Historical Aspects of Printing and Publishing in the Languages of the Middle East, Leyde, E. J. Brill, 2014, p. 193-229.
  • Turgut Kut et Fatma Türe, Yazmadan Basmaya: Müteferrika, Mühendishane, Üsküdar, İstanbul, Yapı Kredi Kültür Sanat, 1996.
  • Tülay Keskin, « Demet Dergisi’nde Kadın ve İlerleme Anlayışı», Tarih Araştırmaları Dergisi, 24/37, Mayıs 2005, p. 289-312.

Consultez également les ressources sélectionnées par le chargé de collections du domaine turc.

Meriç Tanik
Chargée de conversion rétrospective pour le domaine turc ottoman
meric.tanik@bulac.fr
Marine Defosse
Responsable adjointe du pôle Développement des collections, chef de l'équipe AMOMAC et chargée de collections pour le domaine Afrique
marine.defosse@bulac.fr